Bangui - Le Ministère de l’Elevage et de la Santé Animale en partenariat avec le Ministère de la Santé et de la Population, a conduit une vaste campagne de vaccination gratuite des animaux de compagnie contre la rage avec l’appui technique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), l'Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) et la Banque Mondiale. Cette campagne s’inscrivait dans le cadre de la célébration en différé de la Journée Mondiale de lutte contre la Rage sous le thème : « Rage : une seule santé, zéro mort ».

Au total, 8 500 chiens et autres animaux domestiques dans les 1er, 7ème et 8ème arrondissements de Bangui étaient ciblés par cette opération qui s’est déroulée du 20 au 22 décembre 2022. 2 500 animaux ont été vaccinés, soit 29,4 % de la cible. Le nombre limité des doses de vaccin n’a pas permis d’atteindre le total, néanmoins, l’OMS et les autres partenaires travaillent de concert pour la mobilisation des ressources afin d’atteindre les objectifs fixés.

Actuellement, la population canine du pays s’élève à 221 000 animaux domestiques selon les dernières estimations de la direction générale des services vétérinaires.

La campagne de vaccination gratuite de chiens et autres animaux domestiques contre la rage s’inscrit dans le cadre des efforts du Gouvernement Centrafricain visant à concentrer les interventions là où elles sont le plus nécessaires afin que la rage puisse être éliminée d'ici 2030, contribuant ainsi à l’atteinte des objectifs de développement durable.

La rage demeure un réel problème de santé publique en République Centrafricaine. Des personnes continuent à mourir dans un tableau de rage humaine après des morsures par des chiens errants. Depuis le début de l’année 2022, l’Institut Pasteur de Bangui (IPB) note la présence de ce virus sur des prélèvements des cerveaux de chiens suspects provenant de plusieurs localités du pays, y compris Bangui et ses environs.

Présidant la cérémonie de lancement, le Directeur de Cabinet du Ministère de l’Elevage et de la Santé Animale, M. Patrick NINGATA NDJITA, a révélé que « la rage canine est rapportée cette année dans les villes de Bangui, Grimari, Sibut, Dekoa, Paoua et Kaga-bandoro. Rien que pour la ville de Bangui, au premier semestre 2022, la clinique vétérinaire de Bangui a enregistré 794 animaux mordeurs, 789 personnes mordues et 724 personnes ayant reçu la prophylaxie post-exposition et 8 prélèvements des cerveaux de chiens positifs au laboratoire de l’IPB ».

Prenant la parole au nom du Représentant de l’OMS en RCA, Dr Gervais Leon FOLEFACK TENGOMO, Coordonnateur des Urgences de Santé Publique, a indiqué que « la rage humaine peut être évitée à 100% et la stratégie la plus efficace et efficiente est la vaccination massive et durable des chiens domestiques. Il faut stopper la transmission de la rage entre chiens, pour stopper la transmission du chien à l'homme. Pour atteindre cet objectif, toutes les parties prenantes doivent agir ensemble ».

Dans le monde, la rage est une maladie d’origine virale qui touche plus de 150 pays et territoires, mais plus de 95 % des cas humains mortels surviennent en Asie et en Afrique. Elle fait partie des maladies tropicales négligées touchant surtout les populations pauvres et vulnérables vivant en milieu rural isolé. Environ 80 % des cas humains concernent les zones rurales. Les chiens sont principalement à l’origine des cas mortels de rage humaine et représentent jusqu’à 99% des cas de transmission à l’homme. Quarante pourcent (40%) des victimes de la rage sont des enfants de moins de 15 ans.

La rage figure dans la feuille de route 2021-2030 de l’OMS. En tant que zoonose, elle nécessite une coordination intersectorielle étroite aux niveaux national, régional et mondial. L’OMS, la FAO et l’OIE ont donné la priorité à la rage dans le cadre de la démarche « Un monde, une santé ».

L’OMS dirige la plateforme multipartite « Tous unis contre la rage », destinée à plaider en faveur d’investissements dans la lutte contre la rage et à leur accorder la priorité, ainsi qu’à coordonner les efforts mondiaux d’élimination de la rage afin de ramener à zéro le nombre de décès humains dus à la rage d’origine canine d’ici 2030.